Cautionner un mode de consommation?

Sur le pourquoi il y a moins de beauté sur le blog / pourquoi le blog prend un tournant, peu à peu quelque peu « différent »…

Si peu à peu j’ai changé la ligne éditorial de ce blog (quel mot pompeux, ligne éditoriale, non? C’est un blog, pas Le Monde, le NY Times ou El Païs ou que sais-je?), c’est que je ne voulais plus cautionner un certain type de consommation. En acceptant de recevoir des produits, c’était en partie montrer un modèle qui n’était pas le bon. Je m’explique : j’ai toujours testé ce que je recevais avant de vous le montrer… mais j’ai aussi énormément distribué autour de moi, mes amies et ma famille le savent… mais je continuais à une époque, malgré tout, à avoir encore des produits non entamés. Je trouvais ça totalement indécent. Oui, vraiment !

A côté de ça, je me sentais de plus en plus mal de vous montrer ça (pire, de déballer ça sur les réseaux sociaux, en « story » comme beaucoup le font maintenant !), tellement j’en avais la nausée. Certes, j’avais cette chance (encore que le mot chance se discute…on n’a rien sans rien !) – disons cette possibilité de recevoir des produits – (ce qui faisait rêver certaines d’entre vous, voire saliver certaines amies (dont certaines n’ont pas hésité à me demander sans vergogne certaines choses (et curieusement, j’ai donné et jamais un merci !) ce qui pouvait être attrayant, mais j’étais mal à l’aise avec ce déballage sans fond. Sans fond dans le sens du déballage incessant (ce que je n’ai jamais fait, du moins, j’espère que vous ne l’avez jamais perçu comme tel !) et surtout sans fond quand il s’agit juste d’exposer un énième colis reçu dans un flot de colis reçus, sans autre parole que celle de dire « c’est trop beau, c’est trop bien ». Bref, honte de vous montrer, pour montrer, sans faire une « revue détaillée ».

Pourtant, j’ai compris que les marques attendaient du déballage : elles attendent en effet une retombée rapide sur investissement, c’est-à-dire générer des ventes, générer une envie chez le consommateur en échange d’un envoi de produits. J’ai flirté avec tout ça et avec recul, je trouve que cela ne collait pas avec moi, pour plusieurs raisons : une certaine éthique professionnelle, à vrai dire en tant que journaliste, recevoir des cadeaux, ce n’est pas génial éthiquement parlant (et pourtant Dieu sait que la presse profite éhontément de cet avantage parfois !) et même si j’ai toujours fait le distinguo entre mon blog et mon métier (qui n’ont rien à voir) une certaine vision des choses fait qu’ils se rejoignent tout de même. Et puis ce n’était pas moi dans le sens où finalement, je me suis de plus en plus sentie achetée par les marques, pas libres de mes choix. Non pas obligée d’écrire du bien sur tel ou tel produit, mais disons obligée – en somme – de consommer ce qu’on m’envoyait. Parce que justement, je n’allais pas gâcher ce qu’on m’envoyait, faire la fine bouche, etc…

Et ce qui me gênait aussi de plus en plus, c’était de présenter chaque jour ou presque des nouveautés (souvent reçues, parfois achetées ou qu’on m’a offerte personnellement (des cadeaux d’amis ou de la famille) alors qu’on sait bien qu’en tant que consommatrice, personnellement, on ne peut pas TOUT acheter. Ce qu’on reprochait aussi à la presse avait fini par arriver aux blogs et par extensions à Instagram : des étalages sans discontinuer, sans analyse, sans arrêt et souvent sans autre intérêt que celui de consommer, consommer, non plus réfléchir ou rêver. D’autres blogs (par ailleurs bien écrits et même bien documentés) continuent d’alimenter chaque jour leur cortège de tests et de nouveautés et cela me met mal à l’aise.

L’une d’entre vous m’a dit dans mon précédent article (des voeux, ici) « s’il te plaît, n’arrête pas les articles beauté« . Mon intention n’est pas d’arrêter, mais je m’interroge sur la manière et l’intérêt de partager avec vous mes découvertes : vous n’y verrez sans doute pas des revues de produits tous les jours, ni même les dernières nouveautés à la mode (Dieu m’en garde, j’ai déserté les rayonnages de Sephora depuis quelque temps !) mais plutôt des articles plus « larges », de routine, de choix, d’ingrédients, peut-être, de tendances, car ça m’intéresse vraiment, mais faire étalage d’un nouveau rouge à lèvres chaque semaine, le lendemain d’un mascara (et Dieu sait que j’aime toujours autant ce petit goupillon qui fait des miracles sur les cils ! Je vous en présenterai un bientôt d’ailleurs !) ou d’une crème révolutionnaire, non, vous ne trouverez plus ça ici, du moins pas comme j’ai pu le faire dans le passé et pas comme le font d’autres blogs (si tant est que les blogs produisent encore des contenus pertinents…, beaucoup se sont tournés vers le très lucratif et « lazy » Instagram). Alors Le Boudoir de Vesper ne sera plus un blog beauté, ça sera un blog sans étiquette, un blog joyeux fourre-tout de tout ce que j’aime, un blog où je jetterai sur le papier virtuel ce qui m’intéresse, ce que je teste, ce que je vois passer, ce que je lis, ce qui me fais réagir, me faire rire ou pleurer, m’interpèle, des articles qui vous inviteront davantage à donner votre avis (je l’espère) pour aller plus loin qu’un simple « je veux l’acheter ». Voilà : c’est exactement ça que je veux ! Ne plus donner l’envie de consommer, mais plutôt vous donner l’envie d’échanger, de parler, de réfléchir, ensemble, et ça, ça n’a pas de prix mais c’est précieux (vous avez vu la pirouette !).

Voilà… plus j’avance, plus je sais où je vais… Tout s’éclaire et j’ai la sensation de ne plus trop m’égarer ! C’est bien de se chercher et d’évoluer, c’est bien aussi de trouver des lectrices (à mes côtés) qui suivent cette évolution ! Merci à celles qui feront ce chemin avec moi !