La socio-esthétique, soigner en beauté

La socio-esthétique, soigner en beauté

Voici un article très spécial pour la journée mondiale contre le cancer. Mais un article en rapport avec la beauté, qui me tient à coeur. Vraiment.

Extrait d'une vidéo de Rose Magazine

Extrait d’une vidéo de Rose Magazine

Les femmes qui souffrent d’un cancer perdent, lorsque la maladie s’installe et que les traitements démarrent, tout ce qui peut leur rester de féminité. Fatiguées par la maladie, le stress, la lourdeur des traitements, comme si cela ne suffisait pas, elles se mettent à perdre leurs cheveux, leurs cils et sourcils, les ongles s’abiment.

On pourrait penser que dans ces moments-là, le cadet de leurs soucis est de prendre soin d’elle, elles doivent combattre la maladie. C’est en partie vrai. Et puis il  y a celles qui veulent se battre de front, qui veulent que tout ou presque continue comme avant. Il y a cette femme qui veut aller faire se faire maquiller dans une grande chaine de magasins et qui fait peur à l’esthéticienne en bougeant sa perruque pour que celle-ci puisse mieux travailler. Il y a celle qui demande des conseils à son coiffeur mais qui ne parvient pas à accepter de porter un turban ou une perruque. Enfin il y a celle qui a tout simplement envie qu’on la chouchoute, qui veut oublier ce quotidien fait de piqûres, de rayons et de visites chez le cancérologue.

(C) ARSE Poitou Charentes

(C) ARSE Poitou Charentes

Ces situations, je ne les invente pas, ce sont des témoignages que j’ai recueillis un jour, au détour d’un reportage que j’ai pu faire sur le sujet, dans une clinique lyonnaise, auprès de malades du cancer. Ces personnes avaient la chance d’avoir au sein de leur établissement de soins une socio-esthéticienne, infirmière de formation, qui troquait une fois par mois sa blouse et les seringues au profit de pinceaux de maquillage et de masque de beauté et leur prodiguait des soins esthétiques (manucure, maquillage, massage, soin du visage, du cuir chevelu, etc…)

J’ai trouvé que le travail de socio-esthéticienne avait du sens. Redonner espoir, offrir du plaisir, écouter aussi les patientes, en silence s’il le faut. La socio-esthétique, c’est à la fois du social et de l’esthétique, réconcilier la patiente avec sa nouvelle image, lui permettre de re-découvrir son corps. Se détendre, s’apaiser. Cela existe pour les malades du cancer, mais pas que. L’impact des soins esthétiques sur le moral des patients est indéniable. L’infirmière que j’ai rencontrée me parlait d’un patient en pleine rechute à qui elle avait fait un massage du visage, pour l’apaiser et qui avait pu aborder plus sereinement sa journée de chimio.

(C) cancer santé NPDC

(C) cancer santé NPDC

C’est une discipline qui est tellement importante à mes yeux, à l’heure où l’on parle de soins de support, d’accompagnement. C’est aussi un travail qui permet de redonner confiance, pas seulement aux malades, mais aussi, par exemple aux femmes battues (certaines socio-esthéticiennes officient dans les milieux sociaux), aux personnes âgées (travail dans les maisons de retraite).

C’est un beau métier, que j’aurai rêver d’exercer. J’en ai fait le projet, peut-être qu’un jour, je balancerai tout pour opérer ce virage à 180°. En attendant, je continue d’écrire, d’enquêter, de faire découvrir aux autres. Mais j’avais envie, aujourd’hui, en cette journée si spéciale de partager cela avec vous.

J’aimerai aussi travailler avec Rose Magazine, un magazine dédié à la vie pendant le cancer, au féminin. Pour écrire des messages d’espoir !

38 commentaires pour “La socio-esthétique, soigner en beauté”

  1. Ma maman a eu la chance de pouvoir suivre des ateliers et honnêtement je sais que ça lui faisait énormément de bien physiquement et psychologiquement… Elle a pu grace a cette femme formidable combattre avec toute l énergie possible! Elle s est battue la tete haute ! Merci a toutes ces personnes qui donnent du bonheur la ou on en attendait pas beaucoup <3

    1. si ça a pu apporter du bien-être à un moment donné à ta maman, qu’elle se soit sentie mieux le temps d’un soin, le pari est réussi. L’infirmière esthéticienne que j’avais rencontrée m’a parlé de certaines patientes qui ne s’en sortaient pas, mais que cette parenthèse qu’elle leur proposait, malgré tout, leur apportait au moins un réconfort momentané… et ‘après des études, cela participe à la guérison, dans la masure, évidemment où la personne en a la possibilité, pas dans certains cancers, avancés, etc….

  2. Très belle article !
    J’ai fais des études d’esthéticienne mais je n’ai jamais travaillé dans le socio-esthétique. J’aurais voulu maquiller des enfants pour les occasions (Noël, Mardi gras…) mais je ne sais pas si j’aurais la force mentale. Déjà avec des personnes âgées cela m’a énormément touchée, bouleversée, j’ai entendu des histoires merveilleuses et je me suis rendu compte que toutes ces histoires pouvaient disparaître dans l’anonymat….
    Dans ce métier il faut comprendre, être attentif, mais en même temps prendre du recul, beaucoup de recul….

    1. tu as raison, le recul est hyper important, et c’est évidemment une question que je m’étais posé si j’avais eu à me lancer dans ce métier : aurai-je le courage d’affronter ces histoires (cf. plus haut ma réponse à Isa Voyage en beauté)

  3. Tu as bien raison! Je pense que c’est justement les petits détails qui changent tout lors de ce genre de situations graves!
    Et je trouve inadmissible ces témoignages que tu as eu, les gens sont sans coeur..

  4. Merci Anne-Lise pur ce joli témoignage, cet article trotte dans ma tête depuis qu’hélas, comme beaucoup trop d’entre nous, j’ai été directement confrontée à ce foutu crabe et que j’ai vu le travail remarquable que faisait toutes ces femmes ( et ces hommes aussi !), notamment au sein de l’association Rose.
    J’ai pensé moi aussi m’investir un peu plus activement mais je sais que psychologiquement je n’en aurai pas la force !
    Merci d’avoir mis en lumière ces pratiques, hier encore une de de ces socio-esthéticiennes était auprès de ma belle-maman pour lui apporter un peu de douceur dans ces jours bien gris…

    1. c’est vrai que l’investissement psy est important et je me suis posé la question de savoir si oui ou non je « supporterais », ayant vu, lors de mon reportage, par exemple, une jeune femme qui avait accouché, selon l’infirmière trois mois avant, toute jeune maman et à qui on venait de déceler un cancer fulminant et qu’elle n’en avait plus que pour quelques mois 🙁 telement dur, tellement injuste… comme le cancer des enfants 🙁

  5. c’est aussi mon rêve. j’ai la formation sociale, il ne me manque que le côté esthétique. ce métier est beau je trouve, il ne change pas la situation mais peut faire oublier quelques temps les soucis, prendre soin de soi n’est pas simple à certains moments de la vie. bref, tu prêches une convaincue, très bel article !

    1. en fait, il faut partir d’une formation esthétique et vient se greffer dessus le volet sociétal… je m’étais renseignée, mais dans mon cas, reprendre deux trois ans d’étude pour revenir en free lance, je préfère jouer la sécurité 🙁 mais ce métier me tente tellement, un métier qui a tellement de sens à mes yeux ! quand j’ai fait le reportage à l’époque, ça m’avait vraiment bouleversée

    1. je trouve ce métier si important dans la prise en charge global du cancer (et d’autres maladies) que je ne pouvais pas ne pas en parler, surtout aujourd’hui, surtout aussi que j’ai failli prendre le virage vers ce métier… à deux doigts de tout lâcher pour ça, mais un peu compliqué

  6. Je suis kinée spécialisée dans le cancer du sein et je suis entièrement d’accord avec toi sur l’importance de prendre soin de sa féminité dans ce cadre là. Mes patientes savent que je prépare un billet pour mon blog sur comment favoriser la repousse des cheveux après la chimio et elles me demandent à chaque fois où j’en suis…

    1. il y a tellement de choses à faire pour ces femmes, les soins à utiliser, les gestes à faire, les « petits » trucs pour rebooster les cheveux après la maladie, etc… tu dis « kiné spécialisée en cancer », tu exerces de quelle manière? En cabinet, domicile, les deux? J’ai déjà entendu parler de soins pour les femmes ayant eu un cancer du sein, avec les lymphoedemes, etc… il y a d’autres choses à prendre en charge? ça m’intéresse de connaitre tout ça !

      1. Je suis en libérale dans un cabinet. C’est moi qui ais choisi de m’orienter sur cette spécialisation. Dans le cadre du cancer du sein il y 4 volets : le plus connu est le drainage lymphatique manuel pour le lymphoedème du membre supérieur, le travail des cicatrices que ce soit une ablation de tumeur à une massectomie si elle est adhérente, douleureuse ou inesthétique, la rééducation fonctionnelle du membre supérieur et l’éducation thérapeutique. Si ça t’intéresse le billet de dimanche prochain sur mon blog est là dessus. N’hésite pas si tu as d’autres questions 😉

  7. Quel bel article sur un sujet dont le grand public ne mesure pas toujours l’importance. Je soigne uniquement les patientes en phase terminale (ou pas d’ailleurs!) à leur domicile et c’est très frustrant pour moi en tant qu’infirmière/bloigueuse de ne pas avoir plus de temps à consacrer à leur beauté.
    Je pense qu’il y a du travail à faire à l’ hôpital mais aussi pour celles qui ont fait le choix de ne pas y rester et de poursuivre leur traitement chez elles. Ou d’y mourir tout simplement. En tout cas, les femmes qui se laissent aller dans ces situation sont très rares, la plupart veulent vraiment garder ou retrouver une apparence soignée.

    1. tu travailles en Belgique? Est-ce comme en France, infirmière libérale (pour les visites à domicile) et infirmières salriées dans les hôpitaux ou autres structures? C’est vrai que prendre soin de soi quand on est malade, ça doit être important et ça participe au rétablissement, en partie, ne pas se laisser abattre, etc… mais c’est vrai que pour le moment, ça n’est pas encore une priorité, c’est dommage, je trouve ça tellement bien !

  8. C’est la premiere fois ou je me demande si je vais lire un article ou pas aux vues des sujets abordes. Premier sentiment avant de lire: une forme de peur de lire, d’avoir en face ce terme. Je n’arrive même pas a l’ecrire.
    Je ne l’ai pas lu par curiosite mais pour voir le travail accompli de ces ames soeurs-solidaires dans ce combat.
    Un sentiment de mal a l’aise persiste, et pourtant dans mon metier je suis rompue a de dures realites en revanche plus violentes et immediates.
    Je crois que c’est la duree et la souffrance qui m’effraient.
    J’aime ces femmes qui accompagnent avec vie et vigueur la therapeutique.

    1. je trouve que c’est un beau métier, qu’on pourrait penser futile en des périodes où la maladie a pris le dessus, où les soins occupent le quotidien, mais qui redonne de l’humanité… tu est pompier, je crois, mais tu fais ça professionnellement? gradée? quelle fonction as tu, ça m’intéresse (si tu acceptes de m’en parler, on peut poursuivre par e-mail, ça m’intéresse 🙂

  9. Un combat qu’on a en commun, qui me tient très à coeur aussi. Je n’ai plus les moyens de faire quoique se soit, la communauté youtube ne me connait pas assez pour être partie avec moi dans ce projet que j’avais lancé. Mais j’y pense souvent, j’ai encore perdu du monde, depuis que j’avais lancé ce projet. La seule chose que j’ai réussi à faire, c’est d’assister aux séances de chimio d’une amie et la convaincre à la fin, d’accepter que l’infirmière lui fasse un soin. Quand elle m’a remercié le soir en me disant que çà l’avait détendue et qu’elle n’en revenait pas à quel point çà pouvait faire du bien, j’étais contente d’avoir réussi au moins çà, mais je me sens impuissante. Mon envie serait d’aller dans les services pour le faire moi-même. A des personnes qui ont un cancer, mais aussi celles qui ont perdu la notion de leur image avec l’anorexie, la dépression. Le laisser aller, comme m’a dit l’aide à domicile que j’ai eu une fois, parce qu’elle ne se sentait pas bien dans sa peau et dans son corps, à cause de la boulimie et la dépression. Je ne la connaissais pas assez pour lui parler des soins que je me fais, de mon côté, j’étais déjà « contente » qu’elle me fasse assez confiance pour m’en parler, alors qu’elle ne m’avait jamais vue avant. mais c’est important oui… avant d’être malade, on reste des femmes à part entière. Merci pour ce bel article, je te souhaite vraiment de trouver un moyen d’aller au fond de ton projet, tu le sais que je suis derrière toi, en tout cas <3 de gs bisous

    1. je ne sais pas si j’irai au bout de ce projet, mais ça me trotte quand même depuis un moment et l’avoir écrit, quelque part, ça me fait du bien, j’avais très envie que ma communauté connaisse ce métier peu connu et pourtant si indispensable à mes yeux ! Bisous

  10. Ton article est vraiment super intéressant ! Ce sujet me touche de près comme de loin, étant en formation en ergothérapie, je dois commencer à me pencher sur mon mémoire de fin d’études et j’ai pour idée de parler de la réhabilitation des brûlés à travers le maquillage correcteur !
    Ce sont vraiment de très belles choses qui font énormément de bien aux patients !

    Tendresse et baisers sucrés

  11. Bonjour,

    Je suis tombée sur ton article et c’est très chouette 😉 Je suis socio-esthéticienne depuis 3 ans et toutes les émotions dont tu parles sont exactement celles que je peux vivre lors de mes interventions. Maintenant que je viens de m’expatrier en Angleterre, je souhaite développer cela ici 🙂

    Bien à toi

    1. je m’interroge quand même beaucoup mais c’est compliqué pour plein de raisons ! mais écrire cet article m’a fait du bien, j’avais très envie d’en parler !

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