Le(s) jour(s) d’après, la vie continue

Le(s) jour(s) d’après, la vie continue

Impossible de rester insensible à ce qui s’est passé. Impossible de rester impassible à l’avenir qui se dessine. Pourtant, au milieu de l’incompréhension, du chagrin, de la tristesse qui m’agitent (le temps de la colère n’est pas arrivé), je ne sais pas pourquoi, j’ai envie de garder foi en l’humanité. Ce matin, j’écoutais Imagine de John Lennon après avoir entendu qu’un parisien avait promené son piano jusqu’au Bataclan hier matin pour jouer cet hymne à la paix. Puissant symbole. Partout, on allume des bougies, on déploie le drapeau tricolore, on chante la France. Et à côté de ça, des actes abjects ont été commis, des innocents ont vu leur vie s’arrêter au milieu d’un concert, d’une terrasse de café ou une place de resto et j’ai envie de penser à eux, des personnes comme vous et moi, qui étaient là, pour partager un bon moment et qui ont vu leur vie défiler jusqu’à ce moment où quelqu’un a appuyé sur le bouton stop.

Trop de vies fauchées, trop d’amour bradé, trop d’occasions ratées de dire « je t’aime » à ceux qui nous entoure.

Je ne cesse de couvrir mes enfants de câlins, de dire à mes proches que je les aime. On ne le dit jamais assez.

Les enfants, justement, toujours le même dilemme : dire, ne pas dire, expliquer. Ici, pas de télé qui tourne en boucle sur l’info, nous n’avons pas changé nos habitudes. Mais ils savent, du moins les deux « grands », c’est moins évident pour la « petite », je ne sais pas si je dois aborder les choses, elle qui ne fait que danser et chanter toute la journée et que je regarde avec admiration pour toute l’innocence et l’amour qu’elle dégage (et aussi parce qu’elle me fait rire quand elle reprend « Imagine » en langage « yaourt »).

Et là, je me rends compte de toute l’importance de l’après. Nous savons, nous nous souviendrons toujours de cette date, j’imagine l’immense peine des personnes qui ont perdu des proches hier, j’ai vu passer une « mosaïque » de personnes disparues sur un site de presse, terrible ! Mais j’ai envie – pour une fois – d’essayer de ne pas me laisser submerger par certains  sentiments. Sauf celui de l’amour. C’est l’avenir.

J’ai « fermé » les réseaux sociaux. Fermé dans le sens où j’évite au maximum de lire ce que mes « amis » publient sur Facebook, sur toutes les rumeurs relayées ça et là (j’ai lu sur des sites d’infos que des rumeurs ont aussi circulé sur Lille, etc…).  Parce que je sais que je ne pourrai pas m’empêcher de réagir. Et je n’ai pas envie de faire comme eux. D’engendrer la discorde ou la haine. De m’expliquer, de disserter. J’ai pris le risque de regarder Twitter, cette nuit, en pleine insomnie. Nausée. Nausée de n’importe quoi. Chacun y va de sa « patte » (moi-même ici, je commets un texte !), et on lit des choses tellement énorme de bêtises que pour cette fois, j’ai préféré occulter tout cela. D’ailleurs les gens « coupés » des réseaux sociaux vivent sans doute un peu mieux certaines choses, les réseaux sociaux nous inondent en temps réel de tout et de rien. Or cela ne nous apprendra rien, cela ne fait qu’entretenir une certaine haine là où j’ai juste envie que l’amour prenne le dessus. Love is all. J’en suis persuadée. Bisounours, oui, sans doute. Et bien tant pis, j’assume. Pas de colère, de haine.

Hier, on a eu la visite d’amis, le bien que ça fait de VIVRE ! De partager des émotions, des joies, des peines, là où certaines personnes ne partagent plus que le désespoir et la tristesse, toutes mes pensées d’amour vont vers ceux qui ont perdu ce qui leur était le plus beau et le plus précieux ! VIVRE ! Re-vivre l’après vendredi 13 novembre. Reprendre main sur la vie. C’est pour cette raison que je continuerai la semaine prochaine à écrire sur le blog, pour continuer à parler de choses qui me plaisent, pour partager cette liberté, cette légèreté qui construit (aussi) nos vies ! Et que notre vie continuera, cette chance que nous avons !

Je ne prie plus vraiment, je crois que j’ai perdu ma foi quelque part entre 2009 et aujourd’hui, mais je n’ai pas perdu ma foi en l’humanité et j’ose encore espérer et croire en elle !

 

Je me permets juste de copier coller ce texte que j’ai trouvé simple, beau et représentatif de la chance que nous avons d’être français (texte extrait d’un commentaire paru sur New York Times)

La France incarne tout ce que les fanatiques religieux du monde détestent : la joie de vivre par une myriade de petites choses : le parfum d’une tasse de café et des croissants le matin, de belles femmes en robe souriant librement dans la rue, l’odeur du pain chaud, une bouteille de vin que l’on partage entre amis, quelques gouttes de parfum, les enfants qui jouent dans les jardins du Luxembourg, le droit de ne croire en aucun dieu, de se moquer des calories, de flirter, fumer et apprécier le sexe hors mariage, de prendre des vacances, de lire n’importe quel livre, d’aller à l’école gratuitement, jouer, rire, se disputer, se moquer des prelats comme des politiciens, de ne pas se soucier de la vie après la mort. Aucun pays sur terre n’a de meilleure définition de la vie que les Français.

J’ai réfléchi quelque temps à savoir si je devais écrire ce texte, le publier, mais j’en avais besoin, besoin d’exprimer quelque chose, comme beaucoup. Tout en espérant que le respect sera de mise ! Et que l’amour et le positif gagneront !

10 commentaires pour “Le(s) jour(s) d’après, la vie continue”

  1. L’ennemi du terrorisme, c’est notre joie de vivre, tout simplement. Toutes les valeurs que nous représentons, Liberté, Egalité, Fraternité, nous nous devons de les appliquer, c’est notre droit. Et pour moi, la meilleure façon de leur répondre « on t’emmerde terrorisme », c’est de vivre et de ne pas avoir peur d’eux, justement. C’est la seule chose à notre portée que nous pouvons faire. Pour le reste (guerre et compagnie), il y a des gens au-dessus de nous qui feront le boulot de prendre les (bonnes) décisions (mais c’est un autre débat dans lequel je n’ai pas envie de m’impliquer, pas maintenant).

    1. la joie de vivre, c’est tout à fait ça : j’ai décidé de sourire parce que c’est bon pour la santé ! Il ya des hauts, des bas, mais le partage, l’amour et l’amitié nous aidera, j’en suis convaincue ! Il ne faut pas rester dans « notre « coin !

  2. Je partage entièrement ce que tu écris. J’ai adopté la même attitude que toi concernant les réseaux sociaux. Je n’ai vraiment pas envie de voir la méchanceté et la haine véhiculées par certain courant politique ni d’y répondre. Les filles auront le temps de découvrir ces événements tragiques en cours d’histoire le moment venu. A moins qu’en maternelle demain ou les jours prochains, elles en entendent parler et alors, je poserai des mots là-dessus.
    Bonne soirée en famille et continuons de profiter de ces moments tendres et uniques.
    Amicalement.

    1. pour les réseaux sociaux, j’ai décidé de m’en servir pour « rire », je ne regarde plus le négatif, je m’éloigne de toute polémique et je ne partage que le bon, le positif, le rigolo et crois moi, dernièrement, malgré toues les atrocités qu’il y a eu, il y a aussi eu, heureusement, des choses très belles, de l’amour et de l’humour, ça nous sauvera !
      Bisous

  3. A partir du moment où tu ressens le besoin de parler, cet espace est tiens. Tu es maître de cet espace.

    Me concernant… J’ai appris tout cela au réveil samedi matin avant d’aller travailler. Pas trop compris ce qu’il se passait. Jusqu’à ce que je vois que U2 annulait son concert à Paris. J’ai eu une crise d’angoisse car mon frère devait y aller. La question donc: Est-il déjà là bas depuis hier? Bref…

    Je n’en ai pas parlé à mon fils (plus de 4 ans c’est un peu compliqué) MAIS je lui ai appris à reconnaître le drapeau de la France. Donc ça a été l’occasion de lui apprendre deux notions: Celle de « pays » et celle de « drapeau ».

    Demain, je ne sais pas si la Maternelle Bichat à Lille va faire la minute de silence. Donc Chéri va demander demain en le déposant à l’école. Car si c’est le cas, là il faudra que je lui en parle dès demain soir.

    En fait, un jour à la fois. Pas de peur. Malgré le fait que vivre à Lille n’est pas très sécuritaire, d’autant plus avec la proximité belge. (T’as vu l’article de la Voix Du Nord où il disaient contrôler les frontière la semaine passée contre les BlackBloc? Que nenni… c’était bien parce qu’ils savaient qu’il y allait avoir des attentats.) Bref sans tomber dans la paranoia, je sais que je vis dans une grande ville. Où j’ai déjà vu des choses assez dures. Mon seul objectif est de garder la tête froide, la tête haute, le sourire large mais l’esprit éveillé assez pour expliquer les choses au bon moment à mon fils. Pas facile.

    Bisous.

  4. coucou

    je suis comme toi , la foi m’a quittée depuis un on moment mais la foi en l’humanité, m’habite et c’est mon booster, ce qui à quoi il faut se rapprocher pour ne pas sombrer dans la panique, la peur, malgré qu’elle aussi soit là, peur de l’avenir….
    j’ai aussi repris en début d’après-midi ce beau texte qui exprime à lui seul la façon de vivre à la française par le NY times…
    .l’espoir , l’avenir et la solidarité, des choses que nous pouvont faire à notre niveau doivent être faites…..notre pays doit aussi être repris en main et ce très vite…..

  5. Merci pour ce si beau message écrit par une si belle personne, la haine engendre la haine et ça fait du bien de voir un peu de lumière dans cette si lourde obscurité. Plein de pensées d’amour pour toi et tes proches

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