[Lecture] Idiss, de Robert Badinter

[Lecture] Idiss, de Robert Badinter

Ce week-end, vous aurez double dose de lecture : on commence en ce samedi avec Idiss de Robert Badinter. Demain, on optera pour du baroque, lors d’un voyage en Italie…

Synopsis/4ème de couverture

J’ai écrit ce livre en hommage à ma grand-mère maternelle, Idiss. Il ne prétend être ni une biographie, ni une étude de la condition des immigrés juifs de l’Empire russe venus à Paris avant 1914. Il est simplement le récit d’une destinée singulière à laquelle j’ai souvent rêvé. Puisse-t-il être aussi, au-delà du temps écoulé, un témoignage d’amour de son petit-fils.

Mon avis

J’ai acheté ce livre car il me renvoie à l’un de mes projets d’écriture et je voulais voir ce qu’un « grand » en faisait : écrire sur la vie de l’un des siens, en l’occurence ici la grand-mère de Robert Badinter, lui, ancien ministre de la Justice sous Mitterrand qui fut à l’origine de l’abolition de la peine de mort en France. Quand j’ai vu la couverture du livre, j’ai tout de suite compris de quoi il s’agissait : l’histoire du passé, d’une femme de sa famille. Des traits communs avec mes racines, puisqu’une famille issue de l’immigration de l’Est. La comparaison s’arrête là, mais c’était une similitude suffisante pour avoir eu envie de lire ce livre. Badinter ne le voit pas comme une biographie, pas plus qu’une étude sur la condition des juifs de l’empire russe. Il y a décrit une partie de la vie de la sa grand-mère maternelle. Il n’en demeure pas moins que l’écriture est intéressante, qu’on y découvre que derrière toute immigration, il y a des raisons – forcément – et quelles sont elles. On y retrouve l’Histoire derrière l’histoire familiale, la condition des juifs en Bessarabie (une région proche de la Roumanie actuelle dans la Russie des Tsars), le tiraillement de quitter un pays car menacé par les pogroms, l’arrivée dans un autre pays, l’intégration, le Paris des années 20 puis 1930, la montée des extrêmes jusqu’au décès d’Idiss, presque seule, pendant la guerre, alors que la famille est juive et que l’Etat français orchestre des rafles (le père de Robert Badinter, Simon, sera d’ailleurs déporté et mourra dans les camps de la mort, à Sobibor). J’y ai découvert beaucoup de tendresse, de la part de Robert Badinter, qui a aujourd’hui atteint un âge plus qu’honorable, qui décrit sa grand-mère, analphabète et bien en peine avec l’apprentissage du français, sacrément fière de la réussite des siens (par exemple de sa fille, Charlotte, la mère de Robert Badinter, lorsqu’elle décrochera son certificat d’études! Premier diplôme français de la famille). Sacré clin d’oeil du destin quand on connait l’orateur Badinter qui manie si bien les mots ! Beaucoup de pudeur aussi, quand il explique le départ de la famille, en pleine guerre, pour la zone libre, en laissant la grand-mère malade à Paris. Un déchirement qu’on imagine aisément. Le parcours d’une vie. Parfois j’y pense, avec ma famille et leur parcours. Ce que cela devait être. Le déracinement. Peut-on réellement faire son nid ailleurs? Les générations futures le font, à elles de témoigner ! Ce récit m’a particulièrement touchée, ce récit d’un vieil homme qui rend hommage à une grand-mère dont le souvenir s’éloigne peu à peu. Le récit d’un Français « bien de chez nous » comme certains pourraient l’imaginer, et qui rappelle que nous avons toutes et tous une histoire !

13 commentaires pour “[Lecture] Idiss, de Robert Badinter”

  1. Tu m’as donné envie de le lire. Je n’ai lu que sa femme, je suis une vraie fan d’elle ! Après j’aimerais bien lire le bouquin de Stéphane Bern, je ne sais pas si tu l’as lu ?

    1. J’ai lu quelques livres d’E. Badinter, que j’admire également (et que je trouve magnifique en tout point de vue !) et j’ai envie de m’acheter son dernier livre sur Marie-Thérèse (mère de Marie-Antoinette), le pouvoir au féminin… il est sur la liste de mes envies (un longue liste 🙂

          1. Coucou,

            C’est les élucubrations d’un homme touché par la grâce, il a couché sur le papier sa pièce. C’est très sympa et rapide à lire.
            J’ai pu lire les 4 livres que je souhaitais, c’était mon objectif de convalescence, je me suis cassée une côte lors d’une randonnée.
            Relecture du meilleur des mondes et lecture de la ferme des animaux, 1984 et la peste. Tous très qualitatifs.

  2. Nous avons en effet une majorité d’entre nous des destins d’immigrants liés aux conflits passés de notre histoire. Je suis comme toi et cet homme intéressée et curieuse du vécu de nos ancêtres. Je regarde souvent les films et documentaires qui s’y rapportent. Ca me donne une idée pour une prochaine piste de lecture. Merci.

  3. Je l’ai vu – je ne sais plus où – et avec ton blog, ça fait deux fois que j’en entends parler : je vais me pencher dessus, j’aime bien les biographies!

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *