Aujourd’hui, je ne pouvais pas faire autrement que de vous parler d’un ouvrage que j’ai classé il y a quelques temps de cela parmi les 10 livres qui m’ont le plus marqués (relire ici).
Une vie, l’autobiographie de Simon Veil paru en 2007 aux éditions Stock.
Contrairement à mon habitude, je ne ferai pas de « synopsis » et « mon avis ». Parce que c’est une autobiographie, il n’y a pas à livrer un résumé ni à « donner son avis », bon ou mauvais, là n’est pas la question.

Ce qui nous intéresse ici, c’est la Femme qu’elle fût. Un grand personnage de notre Histoire. Sa vie, son enfance, son expérience à la fin de son adolescence dans les camps, sa volonté de devenir une femme de son temps, ses convictions, ses combats pour toutes les femmes raisonnent comme un ton d’exemplarité.
Simone Veil, née Jacob, a longtemps gardé au fond d’elle sa blessure la plus profonde, son expérience des camps de la mort. Elle en est revenu après la guerre, pas sa maman, ni son frère, ni son papa. Avec sa soeur, elle gardait ce « secret » comme quelque chose qu’elles seules pouvaient comprendre, jusqu’à ce qu’elle perde son unique confidente (sa soeur est décédée dans un accident de voiture). Entre temps, au sortir de la guerre, Simone Jacob entreprend des études, fait encore rare à la sortie de la guerre, d’autant plus pour quelqu’un qui a connu l’horreur, qui est désormais orpheline. Elle épouse Antoine Veil qui restera son époux jusqu’à sa mort, en 2013 (le couple aura eu 67 ans de mariage et trois enfants !). Et elle devient une femme engagée, notamment lorsque VGE alors président lui demande de porter une loi pour légaliser l’avortement, jusqu’alors puni par la loi par des mois d’emprisonnement. Et elle tient tête à cette « armée » d’hommes, devant un pupitre où elle tient un discours plein d’humanité et de force, que je trouve admirable…

Quelques mots de ce discours marquant pour le droit des femmes
« Je voudrais tout d’abord vous faire partager une conviction de femme – je m’excuse de le faire devant cette Assemblée presque exclusivement composée d’hommes : aucune femme ne recourt de gaieté de cœur à l’avortement. Il suffit d’écouter les femmes. C’est toujours un drame et cela restera toujours un drame.. C’est pourquoi, si le projet qui vous est présenté tient compte de la situation de fait existante, s’il admet la possibilité d’une interruption de grossesse, c’est pour la contrôler et, autant que possible, en dissuader la femme ».
Envers et contre tous – le combat fut véhément – certains lui rappelant son expérience des camps pour conspuer ce qu’elle s’apprêtait à défendre, elle tint bon. Autant que l’abolition de la peine de mort (Badinter, sept. 1981), ce discours reste pour moi l’un des plus emblématiques de notre Vème République.
Elle fut aussi une fervente européenne, presque paradoxale dans une France d’après-Guerre marquée par les exactions nazies ! Jusqu’à atteindre la première présidence (élue) du Parlement européen en 1979.
Son dernier combat, celui de la Mémoire, elle le livre aux côtés de sa famille : elle qui a longtemps tu ce qu’il s’était passé « là-bas », revient cinquante après à Auschwitz avec enfants et petits-enfants. Elle préside également la fondation pour la mémoire de la Shoah.
Enfin, elle devient Immortelle en 2008 en entrant à l’Académie Française, avec son numéro de matricule des camps de concentration gravée sur son sabre, aux côtés des devises de l’Europe et de la France (« Unis dans le diversité », et « Liberté, égalité, fraternité »).
Une femme qui restera à mes yeux une grande dame. Rentrera-t-elle au Panthéon? Aux côtés de Sophie Berthelot, Marie Curie (que j’admire également énormément !), Germaine Tillion et Geneviève de Gaulle-Anthonioz, deux résistantes entrées en 2015 qui auront elles-aussi contribué à la grandeur de la France.
merci pour ce joli article
je t’en prie !
J’ai lu il y a longtemps cette autobiographie. Elle m’a permis de ne pas voir chez elle uniquement la femme de la loi Veil. C’est une vie si dure mais si inspirante. Une femme libre.
elle mérite pleinement son entrée au Panthéon !
je pense aussi. Cette femme est un exemple pour les hommes et les femmes. C’est la définition des « grands hommes » non?
exactement !
Une si grande femme… ça me donne envie de me plonger dans cette biographie aussi !
c’est un ouvrage indispensable !
Je vois difficilement les raisons qui s’opposeraient à son entrée au Panthéon. Une femme libre, une femme juste, une femme généreuse.
eh bien ça y est ! c’était surtout par rapport à sa famille, mais finalement, ils l’ont accepté si elle y entre aux côtés de son défunt mari